Vous vous demandez peut-être pourquoi les détenteurs d’obligations se trouvent en mauvaise posture ces derniers temps. James Arnold, gestionnaire de portefeuille, nous présente les causes qui ont mené au contexte actuel et ce que l’avenir pourrait bien nous réserver.


L’année 2022 a été désastreuse pour les détenteurs d’obligations. Souvent considérées comme une source de stabilité dans un portefeuille de placement équilibré, les obligations ont, dans bien des cas, perdu plus de 10 % de leur valeur depuis janvier. L’année 2022 a été difficile pour les détenteurs d’actions en raison d’une volatilité élevée et, pour les détenteurs d’obligations, une période de piètres rendements.

Vous vous demandez peut-être pourquoi les obligations et les actions ont fait tant piètre figure au cours des derniers mois et ce que l’avenir leur réserve. Le portefeuille équilibré traditionnel, autrefois gage de stabilité, retrouvera-t-il un jour ses lettres de noblesse ?

Pour comprendre pourquoi les obligations ont affiché un rendement si déplorable en 2022, nous devons examiner l’économie dans son ensemble. En outre, pour comprendre la relation entre le rendement des obligations et celui des actions, nous devons d’abord saisir la notion de corrélation négative.

Pourquoi les obligations se sont-elles si mal comportées ?

En réponse aux politiques monétaires exceptionnellement conciliantes dans la foulée de la pandémie, les taux d’intérêt et les taux obligataires ont chuté pour atteindre des niveaux extraordinairement bas. Par conséquent, les titres à revenu fixe ont enregistré un rendement solide, mais comme les taux d’intérêt étaient pratiquement nuls et que la protection des coupons était minime, les obligations étaient vulnérables à d’éventuelles hausses des taux d’intérêt. Puis, l’inflation a monté en flèche et les marchés de l’emploi sont demeurés solides, incitant les banques centrales à relever les taux d’intérêt beaucoup plus rapidement que prévu. Comme les prix des obligations chutent lorsque les taux d’intérêt augmentent, les mesures prises par les banques centrales ont entraîné un rendement négatif important sur les marchés des titres à revenu fixe.

Qu’est-ce que la corrélation négative ?

Dit simplement, c’est lorsqu’une variable tend à augmenter alors que l’autre variable diminue. De façon générale, les rendements des actions affichent une corrélation négative avec ceux des titres à revenu fixe. C’est-à-dire que lorsque les marchés boursiers dégagent de solides rendements positifs, les marchés obligataires tendent à inscrire des résultats faibles ou négatifs. À l’inverse, lorsque les marchés boursiers enregistrent des rendements négatifs, les obligations ont tendance à afficher des rendements positifs. C’est particulièrement en période de turbulence sur les marchés boursiers que cette corrélation peut être observée, et elle est très utile pour les investisseurs qui cherchent à atténuer les baisses dans leurs portefeuilles.

Pourquoi cette relation existe-t-elle?

Lorsque l’économie est vigoureuse et en croissance, les bénéfices des entreprises ont tendance à augmenter, au même titre que les multiples d’évaluation (comme le ratio cours-bénéfice par exemple), ce qui fait grimper le cours des actions. Dans ce contexte, les banques centrales, soucieuses d’éviter une surchauffe de l’économie et une inflation élevée, procèdent généralement à des hausses de taux d’intérêt. À mesure que les taux d’intérêt (et donc les taux obligataires) augmentent, les prix des obligations fléchissent, ce qui se traduit par des rendements négatifs ou très modestes pour le segment des titres à revenu fixe.

À l’inverse, lorsqu’une économie ralentit ou est en récession et que les bénéfices des entreprises diminuent en même temps que les multiples d’évaluation, les rendements boursiers sont généralement négatifs. Dans de telles circonstances, les banques centrales cherchent à stimuler l’économie. Pour ce faire, elles réduisent les taux d’intérêt, entraînant ainsi une diminution des taux et une augmentation des cours obligataires, ce qui engendre de solides rendements dans le segment des titres à revenu fixe.

Comment expliquer la rupture de cette relation?

En bref, une très forte inflation. Au cours de la dernière année, les données sur l’inflation ont continué de surprendre, culminant récemment avec des sommets de 40 ans (selon l’indice des prix à la consommation). Une inflation de cette ampleur crée une incertitude significative dans l’économie : La hausse des coûts nuira-t-elle à la rentabilité des entreprises ? La hausse des prix ébranlera-t-elle la confiance des consommateurs et limitera-t-elle les dépenses discrétionnaires ? Les salaires suivront-ils le rythme de l’inflation et quelle incidence cela aura-t-il sur la rentabilité des entreprises ?

Une inflation élevée et particulièrement imprévisible accroît considérablement l’incertitude, nuit à l’économie et entraîne généralement des rendements boursiers négatifs — un contexte que nous avons observé jusqu’ici en 2022. L’inflation élevée est aussi défavorable pour les cours obligataires; pour lutter contre l’inflation, les banques centrales augmentent généralement les taux d’intérêt, ce qui réduit les prix des obligations en circulation.

La hausse récente de l’inflation a aussi été particulièrement marquée en regard des niveaux des dernières années, et les banques centrales croyaient depuis longtemps qu’elle s’atténuerait d’elle-même. Lorsqu’elles ont été forcées d’admettre qu’elles avaient tort, les banques centrales ont dû faire du rattrapage et relever rapidement les taux d’intérêt. Les marchés des titres à revenu fixe et des actions, qui ont fortement réagi à cette situation, ont affiché une corrélation très prononcée entre eux.

La « corrélation négative » reviendra-t-elle ?

Nous ne pouvons certes pas fournir de calendrier, mais selon nous, une fois que l’inflation aura cessé d’être le moteur du marché, les rendements des obligations et des actions commenceront à suivre les modèles du passé. Il faudra néanmoins que l’inflation ralentisse à un point tel que les banques centrales ne la considèrent plus comme un facteur de risque aussi important pour l’économie. Lorsque cela se sera produit, on se remettra probablement à parler de croissance économique, et les cours obligataires et boursiers devraient réagir de façon plus compatible avec ce que nous avons connu dans le passé.

En quoi consiste la stratégie actuelle de Burgundy quant à la gestion des portefeuilles d’obligations ?

Notre stratégie globale n’a pas changé depuis plusieurs années : nous surpondérons les obligations de sociétés et sous-pondérons le risque de taux d’intérêt. Nous sommes convaincus que notre approche de recherche approfondie pour trouver des titres dont la situation s’améliore ou des obligations sous-évaluées est bien adaptée au secteur des obligations de sociétés. Cependant, cette méthode ne fonctionne pas aussi bien avec les obligations d’État. Compte tenu du contexte inflationniste actuel et des hausses de taux d’intérêt opérées par les banques centrales, nous estimons que les obligations de sociétés offrent actuellement plus de valeur que les obligations d’État.

Pourquoi les investisseurs devraient-ils toujours détenir des obligations ?

Bien que les portefeuilles de placement des particuliers varient en fonction de leur tolérance au risque et de leurs besoins de liquidités, je peux me baser sur des points que nous avons abordés par le passé pour expliquer les raisons pour lesquelles les investisseurs devraient conserver leurs obligations.

  • Une protection contre la déflation : Vous avez peut-être l’impression que cette protection ne vaut pas grand-chose pour l’instant. Cela dit, elle est pratiquement gratuite à l’heure actuelle.
  • Une corrélation faible ou négative avec les marchés boursiers : Il est évident que le contexte inhabituel des derniers mois a démenti cette thèse. Avec le temps, les obligations devraient toutefois apporter de nouveau une stabilité aux portefeuilles en atténuant la volatilité.
  • Les revenus des obligations : Selon les prévisions sur le marché, les fonds obligataires offrent actuellement un rendement réel positif. En termes absolus, les obligations affichent aujourd’hui un taux élevé, lequel n’avait pas été observé depuis plusieurs années. La figure 1 illustre la hausse spectaculaire des taux de l’indice des obligations universelles FTSE Canada après une baisse constante sur 20 ans.

TABLEAU 1 :

RENDEMENT À MATURITÉ DE L'INDICE DES OBLIGATIONS UNIVERSELLES FTSE CANADA

Source : indice des obligations universelles FTSE Canada. Données en date du 31 août 2022

Conclusion

Nous ne pouvons pas prévoir avec exactitude à quel moment s’opérera un renversement sur le marché. Chez Burgundy, nous sommes toutefois convaincus que les obligations afficheront de nouveau une corrélation négative avec les marchés boursiers, en particulier en période de tensions sur les marchés. À notre avis, les obligations serviront encore à atténuer la volatilité dans un portefeuille de placement bien diversifié. Lorsque cela se produira, les détenteurs d’obligations bénéficieront d’un avantage supplémentaire, soit un revenu supérieur à ce que nous avons observé depuis un bon moment.


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